L’odeur et le souvenir

Tout le monde a sans doute déjà humé une odeur qui renvoie directement à un moment du passé. Nous pouvons donner une explication biologique à ce phénomène. En effet, les odeurs et les souvenirs sont traités par des zones du cerveau très proches géographiquement. Entre les narines et l’amygdale, qui joue un rôle très important dans le décodage des émotions, ainsi que l’hippocampe, l’un des sièges de la mémoire, il y a seulement cinq neurones/synapses. Les odeurs sont ainsi quasiment reliées aux émotions et aux souvenirs, d’où leur fort impact émotionnel sur nous, involontaire.

MISE EN ÉVIDENCE: EXPÉRIENCE

Grâce à l’utilisation d’une technique d’imagerie cérébrale, l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), des chercheurs ont comparé les régions du cerveau activées pendant la récupération de souvenirs.

Les personnes participant à l’expérience sont sollicitées par des indices, soit olfactifs, soit visuels, liés à un souvenir personnel ou liés à des indices de contrôle neutres, ne correspondant pas à un souvenir personnel.

L’expérience se déroule chez cinq femmes droitières en bonne santé : elle consiste à placer devant chacune d’elles, une photo d’un parfum qui leur évoque un souvenir et provoque une émotion. C’est, par exemple, le cas du parfum Chanel n°5 pour l’une d’entre elles. L’indice est alors de nature visuelle, connue.

L’expérience est prolongée, en présentant à cette même personne une deuxième photo, mais cette fois-ci, d’un parfum qui ne lui évoque rien. On renouvelle l’expérience ensuite en faisant sentir cette fois les deux parfums choisis. Les résultats à l’étude d’imagerie cérébrale montrent que les régions du cerveau impliquées dans les émotions sont plus sollicitées lorsque le parfum est connu de la personne. De plus, le stimulus olfactif connu provoque nettement plus d’activations dans ces régions « émotionnelles » que le stimulus visuel connu.

Les deux régions émotionnelles du cerveau, soulignées dans cette étude, sont l’hippocampe et l’amygdale, régions impliquées également dans la mémoire. Les analyses montrent que ces deux régions sont fortement activées lorsqu’il s’agit d’une odeur et, plus encore, lorsqu’il s’agit d’une odeur connue par la personne.

Une odeur (ou un goût) conduit donc à des sensations qui ont plus de chance d’être mémorisées, étant donné qu’elles sont reliées directement à l’amygdale, partie du cerveau provoquant les émotions. Par ailleurs, parler d’une odeur est souvent difficile, puisque cette sensation, si elle a provoqué une émotion, est sans connexion avec le néo-cortex. Cette partie du cortex nous permet en effet de mettre des mots sur nos sensations. En revanche, la vue est liée à cette zone, c’est pourquoi nous parvenons très bien à décrire ce que nous voyons.


LE SAVIEZ-VOUS ?

La mémoire olfactive est d’ailleurs la meilleure des mémoires associée à nos cinq sens. Un avantage, car l’odorat a joué un grand rôle dans l’évolution humaine en permettant de repérer à distance une proie ou de reconnaître une substance toxique.


LA MADELEINE DE PROUST

On retrouve cette notion de mémoire olfactive dans la littérature. En effet, dans La recherche du temps perdu Marcel Proust évoque un moment de sa vie où, enfant, sa tante lui donnait de petites madeleines trempées dans du thé. Adulte, il se rend compte que le fait de sentir (ou de goûter) à nouveau une madeleine fait resurgir le contexte de son enfance.

A SAVOIR

Toute cette partie concerne aussi le goût. C’est-à-dire qu’il existe aussi une mémoire gustative.

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